MAINTENANT, LA CHINE S’ANNONCE OU LE PAS VERS L’EMPIRE DU MILIEU
- Francis MONNOT
- 11 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juil.
Aujourd’hui, nous sommes en Chine.
Entre l’attente d’un pays mythologique, d’une destination attendue et la découverte de ce bout du monde, nous touchons le bout et surtout le but de notre voyage sur les rails.
Encore dans nos yeux et nos corps, le passage de la douane et de la frontière soviétiques.
Nos affaires fouillées jusqu’au plus petit crayon, une attente interminable dans un espace extérieur indéfini, des questionnements non résolus… Pourquoi ? Que cherchent-ils ? Quand repartirons-nous ?

Contrairement aux autorités soviétiques pour lesquelles nous, les 450 « jeunes », représentions une menace ou a minima un groupe à surveiller, l’événement Paris-Pékin, dans le cadre de l’Année de la Jeunesse décrétée par l’ONU, revêtait son sens diplomatique pour le gouvernement chinois.
Occasion trop belle pour montrer le savoir-faire dans l’accueil d’« Amis étrangers », l’arrivée de ce convoi permettait également à la Chine de donner une image d’ouverture sur ses avancées sociétales et techniques.
Vivre dans le Transsibérien, traverser la toundra russe, longer le lac Baïkal, avancer en Sibérie nous avait appris la lenteur, la contemplation de paysages qui semblaient s’allonger devant nos yeux du matin au soir. Une poésie du voyage célébrée par tant d’auteurs.
Le passage de la frontière entre l’URSS et la Chine, devenait aussi le passage d’un monde à l’autre.
La Chine nous recevait dans un train dont la locomotive rouge et noire -et sa cheminée- valaient par leur seule présence impériale.
Habituellement nourrie au charbon, ce dragon allait avancer à très vive allure grâce à l’électricité. Nous ne devions pas attendre, nous ne devions pas faire attendre.
Le convoi avait pris du retard à la douane côté soviétique, le groupe devait être accueilli à l’heure prévue : une équation entre temps et distance, résolue par la toute puissance électrique et la demande expresse des autorités chinoises aux trains qui se trouvaient sur « nos » rails, de s’écarter pour nous laisser la priorité.
Après le bortsch russe quotidien, le personnel chinois au petit soin et les voitures restaurant nous accueillaient avec bonne humeur et profusion de plats, saveurs, senteurs et boissons.
Parlant mandarin, j’étais sollicitée de toute part.
« Qu’est-ce que c’est ? », « C’est bon, il y a quoi dedans ? », « Tu peux en redemander pour moi ? », « Comment on dit j’ai faim ? », « C’est vraiment de la bière, tu peux demander une autre bouteille ? », « Qu’est-ce ca veut dire mei you le ? »
La cuisine, l’abondance des plats, les boissons apportées avec le sourire ont changé la donne. Je sentais une dynamique revenir, une excitation de l’instant et une curiosité ravivée.
Mon objectif personnel, retourner en Chine, se réalisait. J’étais dans ce train, je parlais mandarin et me réjouissais de l’entendre en retour.
Je savais l’organisation scolaire nécessaire aux chants et à la chorégraphie linéaire des enfants des écoles. Ceux de Mandchourie nous fêtant lors d’un arrêt si marquant me rappelaient également le poids du nombre, où que l’on soit dans cette Chine de plus d’un milliard d’habitants.
Même la moiteur de juillet me rappelait des souvenirs.
Dans le train, sollicitée de toute part, je courais.
Sur le sol chinois, je profitais du moment et de l’étonnement des participants à ce Paris-Pékin presque à destination, dans ce pays si lointain qui à présent nous entourait de ses foules et de ses paysages.
Béatrice HEDDE
Équipe du quotidien « Un jour, un train »
Et d’apprendre, à cette occasion et pour la vie grâce à Béatrice, que l’eau tiède dans les termos de nos compartiments chinois permettaient de bien mieux réfléchir nos corps que de l’eau fraîche ❤️