Danielle ELLEBOODE - responsable des 106 jeunes mineurs du train
- Francis MONNOT

- 21 oct.
- 4 min de lecture
Compte- rendu effectué par Danielle Elleboode et ses animateurs pour la MJC de Chambourcy (Yvelines).
Le Train Paris-Pekin
Dans le cadre de l’Année Internationale de la Jeunesse, ce voyage a été réalisé du 2 au 15 juillet par la MJC de Conflans Sainte Honorine et le Ministère de la Jeunesse et des Sports.
Une équipe de 4 jeunes animateurs de Chambourcy y participait encadrée par Danielle Elleboode, responsable des 106 jeunes mineurs du train.
Danielle raconte :
« Jusqu’en mai 1985, personne ne voulait croire à cette histoire, pas même la SNCF : il s’agissait de mettre 450 jeunes de 14 à 24 ans dans un train allant de Paris à Pékin ( soit 12000 kilomètres, 10 jours de voyage, 95 arrêts de 15 à 20 minutes, 2 changements de train) et de les faire animer le train !
Animer ? Oui, c’est-à-dire réaliser des films super8, des reportages en vidéo, des photos, des diaporamas, des journaux, une radio, créer des vêtements, peindre des fresques, jouer de la musique, faire de la micro-informatique, préparer des marchés commerciaux avec la Chine, organiser des jeux, des tournois, présenter sa région en images, etc… dans le but d’échanger tout cela avec les jeunes Chinois de Pékin.
Tout cela sans oublier de s’amuser, d'organiser un carnaval, des concerts de jazz, des séances de cinéma…
Pour chacun, il y avait 450 compagnons de voyage, encore inconnus, à découvrir au fil des 500 mètres de couloir, tanguant jour et nuit, et 90 lourdes portes à ouvrir pour aller du début à la fin du train ! C’était du sport !
Dès le départ le 2 juillet à Conflans, après l’embarquement des jeunes et de leurs 25 tonnes de matériel et de bagages, le train fut décoré, enguirlandé, peinturluré. Chaque porte de compartiment avait sa marque, sa couleur ou la photo ou encore le nom de ses occupants.
Deux jours plus tard, à Brest- Litovsk, à 22 heures, il fallut changer de train, sans se décourager s’il vous plaît : débarquer les sacs, les valises, les guirlandes, les 15 ensembles vidéo, les 500 appareils photos, les 2500 livres, les 45000 feuilles de papier, les 7 micro-ordinateurs, la photocopieuse, la ronéo, le stencil électronique, les malles de pots de peinture, de tissus, de papier crépon, de papeterie en tous genres...et les projecteurs diapos, les écrans de cinéma ,les instruments de musique...sans compter le matériel des deux équipes de TF1.
Tout fut passé au crible de la douane soviétique. 4 heures plus tard on y était encore!... mais tout a réussi à passer!
Il était 2 heures du matin, il faisait 30 degrés, on avait déjà eu 2 heures de décalage dans la journée et la faim se faisait sentir : le dîner ne serait servi que dans le superbe Transsibérien qui nous attendait sur le quai d’en face !
C’est dire si les visages se creusaient et si l’attente semblait longue !
Mais enfin il fut là, devant nous : il était haut, large, long et d’un grand confort, notre fameux "transsibérien", avec de jolis tapis dans les compartiments à 4 couchettes, et un samovar à l’extrémité de chaque wagon où l’on pouvait déguster un thé délicieux nuit et jour, au coin du feu de braises.
Nuit et jour, c’est beaucoup dire car les nuits sibériennes ne durent que 3 heures !... Mais le lever et le coucher de soleil valaient le déplacement.
Les paysages également : des plaines immenses d’un vert prairie, des forêts de bouleaux, des isbas aux teintes pastel, entourées de jardinets plantés de choux et de pommes de terre.
L’hiver dure là-bas. La fonte des neiges ne datait pas de longtemps quand nous sommes passés.
La vie dans le train soviétique fut agréable, la nourriture copieuse, du moins les premiers jours, saumon fumé et caviar au début, pommes de terre concombre à la crème plus tard…
Peu de jeunes ont vécu les petits déjeuners : subissant le décalage horaire journalier (1 heure par jour) et l’ambiance excitée du train, ils prenaient la nuit pour le jour.
Après 7 jours de ce train "d’enfer", la frontière chinoise nous attendait avec un troisième train, chinois celui-là.
De gauche à droite sur les photos :
Anne POUROUX, Virginie PAVARD, Marc GAUZIEDE, Gilles GOURLAIN et Danielle ELLEBOODE.

Et à la première gare chinoise, l’immense surprise , telle que nous la relatent Marc et Gilles :
« Accueil d’enfants aux costumes flamboyants, une musique sur fond de tambours, en longues allées pour faire honneur aux amis Français….
Une capitale, un pays, qui vont pendant une dizaine de jours vivre à l’heure française, avec cet enthousiasme effacé derrière l’officialisation des rencontres, mais sincère de surcroît !
Un peuple, une architecture qui se cherche dans ce dédale de millénaires historiques! Pékin gardienne de la Chine et de ses savoirs, vitrine d’une politique avec ses 8 millions d’habitants et ses 7,5 millions de vélos immatriculés qui offrent chaque jour ce spectacle de foule, de concerts de sonnettes, dirigés fièrement par des policiers tout de blanc vêtus en haut de leur abri central, tout le long de l’avenue principale longue de 40 kilomètres !
Car Pékin, c’est aussi la disproportion, la démesure, difficiles à concevoir pour les occidentaux! L’aciérie générale, deuxième dans le monde avec son accueil euphorique: télé, radio, fleurs, 120.000 ouvriers, magasins, boutiques, tuyaux de diamètres incroyables passant au-dessus de nos têtes, une ville dans la ville !
La Chine et ses différences, le dîner officiel à l’Assemblée Nationale Populaire, avec le premier ministre chinois: échanges de politesses avec les jeunes chinois assis à nos tables, dont certains parlaient français, pendant un spectacle grandiose, minuté, à l’image de ce qu’ils voulaient montrer d’eux-mêmes… Rien à dire , artistiquement parlant !
Les chandeliers éteints, les « au revoir » polis, les limaces grillées, l’estomac de requin et les œufs pourris digérés, nous allions rencontrer l’inévitable : LA RUE.
Autobus surchargés, magasins pour chinois, magasins pour les honorables étrangers, vendeurs ambulants, marché noir, trafic de monnaie, des gens au combien moins souriants, des gens au combien plus vrais, merci, c’est cela que nous étions venus chercher !
Mille et mille choses ont marqué nos mémoires, à jamais sans doute : des certitudes ? La cuisine chinoise est l’une des meilleures du monde. Des regrets ? Oh oui, sûrement : la durée trop courte du séjour en Chine pour nous qui sommes repartis après 4 jours, le planning trop chargé qui ne laissait pas le temps de saisir les instantanés.
Mais malgré tout, il nous reste quand même le sentiment que nous avons eu la chance de rencontrer à une époque importante une atmosphère appelée « BEIJING » ».






























































































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