L'EMPIRE DU MILIEU
- parispekin1
- 7 juil.
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Dernière mise à jour : 12 juil.

Journal de Roland DARGELEZ
Vendredi 6 juillet 1985
9 Chita à la frontière
10 Harbin
11 Pékin (matin)
L’empire du Milieu et son milliard d’habitants nous voilà … 80 % de la population sont des ruraux.
Les douaniers nous attendent de pied ferme. Pourtant, tout se fait avec une facilité déconcertante. Il en sera de même quand nous quitterons la Chine. Cela nous change... Il fait très lourd et le taux d’humidité est conséquent et des moustiques, des nuages de moustiques... Il nous faut nous y habituer comme aux maniements subtils des baguettes fournies dans les repas du train. Ce ne fut pas si évident pour tous. Heureusement le chinois prévoit tout. Il y a des fourchettes et même du pain cuit à la vapeur…
Septième jour nous mettons le pied sur le sol chinois comme Armstrong qui mis le pied sur la lune…
Nous découvrons une banderole « BIENVENUE AUX JEUNES AMIS FRANÇAIS » ça tranche avec Moscou… une magnifique réception comme savent le faire les Chinois nous accueille. Nous avançons sur les quais de la gare avec fanfare, danses, chants, slogan de bienvenue. Tout est soigneusement mis en scène… 300 petits Chinois de 5 à 10 ans costumés bleu, blanc, rouge avec leur petit tambourin. Nous serons joyeux et émus de cet accueil magnifique… Et ce sera ainsi, à chaque grande gare… Mais apparaît le véritable rôle qui nous incombe dans cette aventure. Nous sommes passés de l’inconscience du transsibérien à un rôle diplomatique et cela se vérifiera… La délégation de la jeunesse française, représentée par le train Paris Pékin et les 450 jeunes, s’est rendu compte de la mission culturelle et de paix dès la frontière passée.
Les moustiques, eux aussi, savent recevoir. Des nuages dans un mouvement harmonieux dansent devant nous. Je crois n’en ai jamais vu autant. Un de nos amis du wagon a subi un véritable assaut. Les piqûres à la cheville se sont infectées, tellement qu’à son arrivée à Pékin, il devrait être rapatrié sanitaire, car les soins à Pékin ne se passent pas bien.
À l’approche de notre wagon, nous le découvrons, un homme dont le rôle est de s’occuper de nous. Un à chaque wagon. Il a en main une tapette à mouche ou plutôt à moustique et il tente d’éliminer le maximum de ces vilaines bestioles. Il y a du boulot mais le chinois est patient et tenace… À l’intérieur de chaque compartiment, il y a un vase d’eau chaude recouvert d’un couvercle. Nous devons boire cette eau. C’est la seule à notre disposition. Il faudra prendre l’habitude du goût particulier de celle-ci. Le goût du charbon me revient en mémoire. Je ne sais pas ce qui était ajouté à l’eau…
Nous traversons la Mandchourie avec un arrêt à Harbin et encore une fois un accueil tout aussi éblouissant. La campagne et les villes sont bien différentes de ce que nous avons vu jusqu’ici. Nous traversons une mine de charbon. Il y des locomotives à vapeur à perte de vue, impressionnantes. Des paysans courbés dans les champs besognent dans les cultures … Ils saluent notre passage comme s’il savait qui nous étions. Étonnant…
Mais le rêve de douches d’autant plus présent qu’il fait chaud et moite. Mais là aussi, dans le train, il n’y a pas de douche. On tente d’avoir la meilleure hygiène, mais ce n’est pas ça. Il faut dire que depuis notre départ, nous n’avons pas pu prendre de douche. Nous nous appliquons donc à faire la meilleure toilette possible…vivement que l’on arrive à Pékin…
Je fais un point sur le reste de la pellicule qui nous reste. Nous en avons trop consommé. Il va falloir jouer serrer sur la consommation pour le reste à tourner et il y aura de quoi faire. J’ai l’habitude, mais pas les autres. Je vais devoir faire mon chiant…
Pékin nous voilà...
Crédits : Récit de Roland DARGELEZ, Photographies Christine GUINOT, Hervé LOORA, André LAPEYRADE, Roland DARGELEZ.